Biographie
C’est après des études d’art plastique en faculté (Strasbourg Marc Bloch), puis l’obtention du concours d’enseignement dans cette même discipline que j’ai commencé à développer un travail de sculpture à partir du modelage de l’argile, il y a plus de 15 ans maintenant.
C’est lors de mon premier poste en tant que professeur dans une région inconnue et où je me sentais esseulée, comme déracinée, que le désir d’apprendre à travailler la terre est apparu. C’est donc à cette période que j’ai commencé mon initiation à la poterie et au modelage chez une potière. A ce moment est apparu comme une évidence que l’argile, dont le contact m’apportait beaucoup de satisfaction était ma matière de prédilection et l’action de modeler, mon mode d’expression. Par la suite je me perfectionnai à travers différents stages puis dans des cours du soir dans une école d’art.
Depuis, cette matière est devenue ma complice, elle est comme un prolongement de moi-même me permettant d’extérioriser et de donner forme à mes pensées, ressentis, émotions. Elle m’aide à être en contact avec moi-même et le monde.
Elle m’accompagne dans les différents moments de ma vie, et même si mon parcours m’a parfois éloigné d’elle, je ne l’ai jamais quitté.
La matière : l'Argile
Ce qui me plaît dans cette matière, c’est son aspect vivant ; elle peut devenir chaire, peau… sous l’effet des pressions et caresses des mains.
Elle est sensible et sensuelle. Elle est également difficile et exigeante, elle impose un temps et une spatialité. Mais à l’intérieur de ces contraintes, elle offre beaucoup de libertés.
Ce qui m’attire c’est également son caractère naturel, originel et essentiel. Elle a besoin des 3 autres éléments pour être transformée et exister.
L’action de modeler revêt un caractère magique : créer la vie avec le pouvoir de ses mains.
Intentions
Beaucoup de mes sculptures représentent à la fois un ressenti, un sentiment et une idée.
A travers elles, je cherche à rendre beau la laideur, poétique la douleur.
Elles possèdent une dimension exorciste et cathartique. De l’intime et du personnel, je tente d’extraire et de toucher l’universel.
Mes sculptures questionnent notre rapport au monde et à nous-même, mais je souhaite qu’elles racontent plusieurs choses à la fois, qu’elles puissent être perçues selon différents points de vue. Je veux qu’elles interpellent, qu’elles happent l’attention, qu’elles touchent d’abord au sensible. Une fois le sensible touché, le rapprochement sensitif effectué,
place à la réflexion.
Sujet : l'Humain
A l’époque de mon initiation au modelage, je m’exerçais à réaliser des petits personnages sans intentions particulières. Lorsque le désir de passer à un format plus grand apparût, j’appris alors qu’il fallait couper la sculpture pour l’évider avant cuisson afin que l’argile ne se fissure ou n’éclate. Alors l’idée de réaliser des sculptures dans lesquelles je jouerais sur la forme du corps, j’entamerais son intégrité… est venue tout naturellement.
L’action de couper le corps en morceaux, de retirer sa matière intérieure afin qu’ il ne soit plus qu’une enveloppe, une coquille mais aussi l’idée de passer par une phase de «destruction» dans la création, m’ont particulièrement touchée et inspirée. La technique faisait sens, je compris alors ce que je souhaitais ou plutôt j’avais besoin d’exprimer au sujet de l’humain.
C’est pourquoi la plupart de mes personnages présentent des corps «anormaux»; ils subissent des transformations, déformations, mutations, des cassures, ouvertures…
Ces sortes d’agressions, parfois d’envahissements qui semblent être subis, venir de l’extérieur paraissent aussi émaner de l’intérieur.
Ce double mouvement génère une tension et fige l’instant.
L’instant où tout est peut-être encore possible.
L’instant où le retour en arrière devient impossible.
L’instant du mouvement ultime
Vers le Tout ou le Rien
Vers la Vie ou la Mort
L’Humain, Toujours l’Humain, Rien que l’Humain
Face au monde et face à lui-même
A la recherche de ce qu’il est
En perpétuel quête d’identité
L’Humain
Seul avec sa peau
Parfois sans chaire, vide…
Plus qu’une enveloppe.
Humain tantôt résistant, tantôt abdiquant.
Parfois simultanément unique et double
A la fois lui-même
Et autre.
L’Humain
Tantôt apaisé, tantôt torturé… Surtout torturé
Mais toujours la beauté, même dans le désespoir et la douleur
Car ce qui rend Beau l’Humain, c’est cette fragilité émotionnelle.
Ce qui fait Humanité en l’Homme , c’est cette capacité à éprouver
À ressentir la douleur morale.
Galerie
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