Nous rangeons, organisons, ordonnons
Nos corps, pensées, émotions
Dans de strictes cases en noir et blanc
Qui nous rassurent
Et nous éloignent de nous-même.

Le monde que nous construisons
M’envahit et m’étouffe.
Cette seconde peau que nous nous sommes tissée
Me saute au visage et s’empare de moi.
Elle se répand, tel un virus
Et contamine tout ce qu’elle touche.
J’aimerais m’en défaire
Mais elle m’immobilise et m’empêtre.

Je lutte de toute ma chaire
Je tente désespérément de résister
De m’extirper de la masse
Mais cette toile m’attire irrémédiablement.
Elle recouvre et annihile
Tout ce qui reste de ma nature.
Mon instinct crie et se débat
Mais ma raison n’est plus
Elle s’est perdue
Dans le dédale ordonnancé
De notre cerveau sociétal

L’animal en moi a disparu
Ne reste qu’une flaque binaire
De matière déshumanisée